COMPRENDRE D’OÙ L’ON VIENT

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Ce que nous sommes aujourd’hui est la résultante d’un grand nombre de facteurs. Expériences personnelles, expériences interpersonnelles, éducation, lien social et culturel, lien familial… Nous pouvons citer grand nombre d’éléments qui permettent de « décoder » ce que nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous souhaitons. Chacun de nos actes semble donc avoir une raison, consciente ou inconsciente.

Et, comme de bien entendu, tout commence à la conception. Comme de bien entendu, même s’il est peu fréquent d’y penser. 
Pourtant, ce qui a entouré notre conception, les circonstances de la grossesse, et de l’accouchement, les premiers moments de notre vie, sont déterminants dans ce que nous serons.

Aussi je demande souvent à ceux qui me consultent s’ils connaissent les conditions de leur conception, et de leur vie pré-natale. 
Viennent alors des fragments d’histoire, des bribes, comme un puzzle auquel il manque des pièces mais qu’il faut pourtant reconstituer.

« J’étais désirée. Mais pendant la grossesse, mes parents ont du quitter le pays où ils vivaient. Ils se sont expatriés de force. Ils ont fait beaucoup de route en voiture. Ma mère devait être très fatiguée. Je suis née avant terme. »
« Je suis le dernier de quatre enfants. Je suis plus jeune, il y a beaucoup d’écart entre le troisième et moi. Maman était encore assez jeune quand je suis né. Papa était plus âgé. Maman ne veut toujours pas vieillir. Elle est toujours très jeune. Elle refuse le statut de grand-mère. Elle n’aime pas ma petite amie. »
« Je suis né 10 mois après ma soeur. C’était un bébé mort-né. On s’appelle Dominique tous les deux. »
Les témoignages rapportés ici le sont de manière concise. Il faut parfois plusieurs entretiens pour amener le consultant à se confier, à se livrer, voir à comprendre exactement ce qui lui est demandé. Ayant grandi avec des vérités, ou des secrets, parfois les deux, parfois chacun étant bien arrangé en fonction des désirs et intérêt familiaux, cette part intime de mon interlocuteur est enfouie et demeure difficile à mettre en pleine lumière. 
Quoiqu’il en soit, le contexte de la conception, et de la grossesse, détermine les premières injonctions que l’enfant puis l’adulte va recevoir.

Quelles que soient les circonstances, le bébé se voit dès la naissance attribuer un rôle qu’il ne peut choisir et déterminer. Il a ainsi une place prédéfinie. Le plus souvent, l’enfant puis l’adulte va rester fidèle à cette place. 
Plus discret encore, mais plus frappant quand mis en lumière est le choix du prénom. Il s’agit souvent de prénom familial, à histoire. Le choix du prénom ne peut se décoder qu’à partir du contexte. 
Très souvent lourd de sens et de passé, même s’il semble anodin, le prénom imprime déjà une trace sur l’enfant.

Je prendrai deux exemples particulièrement frappants. Ces deux exemples montrent le poids de la transmission, du devoir, de la responsabilité reposant sur l’enfant alors même qu’il n’est encore qu’au berceau. Et vous invite à y réfléchir. 
Dans les deux cas, les enfants sont issus de couples où la figure paternelle est omniprésente, vécue comme toxique par certains des enfants.



- Madame X m’appelle pour prendre un rendez-vous. Elle est séparée de son mari. La séparation fait suite à plusieurs années douloureuses, où la violence psychologique est sous-jacente. Madame X veut renouer avec ses fils qui sont dévoués corps et âme à leur père. Elle ne sait comment s’y prendre. Au cours de la discussion, elle me parle de son dernier fils, le moins fidèle au père, Jean-… Puis elle m’évoque un autre Jean-… je lui demande de me préciser de qui il s’agit. « De mon mari ! » Elle me parle alors des deux aînés, sans les citer. Je l’interroge : quels sont leurs prénoms ? Les trois fils s’appellent Jean-… Seul le deuxième prénom change. Mais comme leur père, ils portent un prénom composé, le premier des deux étant Jean. Le dernier fils porte en deuxième prénom celui de son grand-père maternel.

– Monsieur Y vient me voir depuis plusieurs fois. Il est en colère contre son père. Il ne comprend pas pourquoi. C’est une colère apparemment infondée. Le père s’est toujours bien comporté, les relations n’ont jamais été conflictuelles. Un jour, il me dit : « Cette fois, Pierre est allé trop loin ! » Qui est ce Pierre ? Son père. Il me parle ensuite de son frère aîné, Yves. Yves n’a aucun souci avec leur père. Pour en avoir parlé ensemble, la colère ressentie par mon client n’est pas partagée par Yves, qui d’ailleurs ne la comprend pas. Quelques semaines plus tard, mon client m’indique que sa femme est enceinte. Si c’est un garçon, il s’appellera Pierre. Comme votre père ? Oui, ça lui fera plaisir. Et vous ? Moi ? Ce sera lui donner le prénom que je n’ai pas porté. Je lui demande de préciser. Son frère, Yves, porte en deuxième prénom celui de leur père. Mon client ne le porte pas. Inconsciemment, il se sent non désiré, rejeté, et cherche à se racheter aux yeux de son père en donnant à son futur enfant le prénom du grand-père.
Ils ont eu une fille. C’est sa femme qui a choisi le prénom. Qui n’avait aucune trace familiale.

L’ANCRAGE, SANS LE BOULET

«  La vie est le résultat de ce que nous pensons pendant toute la journée »  Ralph Waldo Emerson

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Les ancrages peuvent être positifs ou négatifs. L’ancrage positif est source de motivation et d’énergie ; le négatif est un frein, un blocage qu’il faut lever, car handicapant vois paralysant dans la pensée et l’action.

De nombreuses victimes de trauma demeurent en ESPT (état de stress post traumatique). C’est ce que j’appelle lors de consultations « la mauvaise madeleine ». 

En PNL (Programmation Neurolinguistique), une ancre est l’association entre un état intérieur (ce que l’on ressent) et une information sensorielle (ce que l’on voit, sent, entend,…).
L’ancrage s’appuie sur un constat simple : nos 5 sens (odorat, ouïe, toucher, vue et goût) influent directement sur nos émotions. Tout simplement parce qu’ils enregistrent physiquement le ressenti lié à une expérience émotionnelle forte. Ce phénomène est d’ailleurs parfaitement décrit par Proust (A la recherche du temps perdu) : en dégustant une petite madeleine, le narrateur retrouve soudain les sensations et les souvenirs de son adolescence.

Le réflexe de Pavlov, communément utilisé pour désigner le comportement d’une personne qui va réagir toujours de la même manière à un stimulus comparable, pourrait être utilisé comme image typique de l’ancrage.
Nous avons tous des ancres qui se sont créées toutes seules. Certaines sont bénéfiques, d’autres nous gênent voire nous font souffrir.
Pour définir un ancrage positif, il est nécessaire de :

  • Déterminer l’état intérieur souhaité
    Il peut s’agir de confiance, joie, quiétude, absence de peur, …
  • Choisir une expérience passée qui a provoqué cet état émotionnel 
    Cherchez dans votre mémoire quelle expérience vécue vous a permis de ressentir cet état intérieur.
  • Définir quel stimulus déclenchera (ancrera) l’état intérieur désiré
    Ce stimulus doit être unique et spécifique à votre ancrage. Ca ne peut donc pas être un claquement de mains car vous avez trop d’occasions de faire ce geste. Par contre, vous pincer le lobe gauche de l’oreille entre votre pouce et votre index est suffisamment spécifique.
  • Ressentir l’état intérieur désiré en revivant l’expérience passée
    Visualisez votre souvenir en activant votre stimulus. En clair, en même temps que vous vous pincez le lobe gauche de l’oreille entre votre pouce et votre index, revivez votre expérience en vous remémorant les sons que vous avez entendus, les images que vous avez vues, les odeurs,…Faites cela jusqu’au maximum d’intensité de l’état intérieur désiré. Dès que ça décroît, arrêtez, afin de ne pas associer cette décroissance avec votre stimulus.
  • Consolider l’ancrage
    Répétez la quatrième étape cinq fois, ainsi que chaque jours jusqu’à ce que le stimulus soit capable de provoquer, à la demande, l’état intérieur désiré.

L’efficacité de l’ancrage sera d’autant plus forte que l’intensité de notre ressenti (étape 4) sera plus forte. Enfin, plus l’exercice ci-dessus sera répété, plus l’ancrage sera efficace.



LA PENSÉE MAGIQUE

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La pensée magique désigne un mode de fonctionnement psychique caractéristique de la névrose obsessionnelle.
Il s’agit des croyances superstitieuses et des rituels conjuratoires qui s’imposent à l’obsédé et transforment sa vie en un véritable cérémonial. Classiquement on décrit les vérifications sans fin, le lavage des mains ou des objets, la place immuablement précise attribuée à chaque objet, l’annulation des actions et le doute permanent. Ces rituels incontournables peuvent prendre tant d’importance qu’ils vont occuper la totalité du temps du patient et devenir très invalidants pour lui. Ils constituent des manifestations de pensée magique en ce sens qu’ils possèdent une vertu protectrice contre le malheur. Si le patient venait à s’y dérober, il serait précipité face à l’insupportable, c’est-à-dire face à ses pulsions inconscientes contre lesquelles il lutte.
(Larousse)

Dans leur monde imaginaire, les enfants se donnent l’illusion d’un pouvoir magique. Ce mode de pensée marque, selon Sigmund Freud, une étape indispensable à notre développement : le moyen d’accepter les dures lois de l’existence, à commencer par la conscience de notre impuissance, et l’interdit de certains désirs. Tout porte à croire que ces pensées superstitieuses existent aussi chez l’adulte. En particulier les personnes fortement angoissées, atteintes d’un trouble psychologique appelé obsession( développement de TOC)

Dans le développement personnel, la pensée positive, la visualisation, et la notion de « créer sa propre réalité » sont des formes de la pensée magique. Selon l’astrophysicien Erich Jantsch « l’esprit a une capacité créatrice, non seulement dans la formation d’images mais également dans la transformation de la réalité extérieure ».

Prenons un exemple négatif avec le dernier film d’Oliver Stone:  Le Loup de Wall Street ne se veut pas un film à thèse et, plutôt que de sacrifier son histoire au profit d’une dénonciation pure et simple du capitalisme, voit l’auteur se projeter dans le corps de son héros. Il y a chez ces escrocs qui, ces trente dernières années, ont contribué à imposer une financiarisation du capitalisme, quelque chose de magique, leur travail façonnant un monde qu’ils souhaiteraient semblable à leurs rêves. Le profit personnel, pensent-ils, profite à la communauté. Et, dans le cas qui nous intéresse, les entorses à la légalité se font sur le dos des plus grandes fortunes. Jordan Belfort, puisque c’est de lui qu’il s’agit, use effectivement de la pensée magique : il n’y a pas de mal à voler les riches.

ZONE DE CONFORT – ZONE À RISQUE

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TOUT VA BIEN.
Vous maîtrisez la situation.
Vous savez où vous en êtes. 
Vous savez ce que vous voulez.
Vous savez où vous allez.
Puis arrive l’incident. La réflexion, la remarque. La critique. L’élément perturbateur.
Vous vous sentez toujours bien. Mais un peu moins ; et vous ne comprenez pas vraiment pourquoi. 
C’est un sentiment de malaise qui s’installe.
Que se passe t-il que vous ne maîtrisiez pas ? Qu’avez-vous acté, ou non, qui a fait changé une situation stable, et confortable ? Qui en est la cause ? Ou quoi ?

Pourtant, vous ne mettez rien en place pour prendre les choses en main, pour les rendre différentes. Vous êtes habitué(e) à ce que vous vivez. Ou vous pensez que vous allez vous habituer. Vous allez faire en sorte de vous adapter pour ne rien bousculer. Pour éviter les changements. Pour rester dans cette « zone de confort » où vous vous reconnaissez, alors même qu’elle devient contraignante pour vous.

Ce qui vous retient de mettre en place le changement ? La peur. La peur de l’inconnu. La peur de ce qu’il y a, justement, à mettre en place. La peur de ne pas être pertinent(e) dans les démarches entreprises. La peur de ne pas être légitime à faire de telles démarches. La peur de ne pas pouvoir vous adapter. 
Vous envisagez le pire. Vous occultez le meilleur. 
Vous vous affaiblissez. Vous ne bougez pas. Vous restez dans cette zone de confort. Qui se resserre sur vous.

De zone de confort, situation que vous connaissiez et dominiez en tout ou partie, vous basculez dans une zone à risque. Non seulement vous n’agissez plus, mais vous stagnez. Vous vous mettez à reculer.

Avez-vous déjà ressenti cette impression étouffante que les murs se rapprochent, que le plafond baisse alors que le plancher monte, que vous vous retrouvez peu à peu enfermé(e) dans une boîte dans laquelle vous manquez d’oxygène ? C’est que cette zone de confort ne l’est plus. Elle est devenue une zone à risque, pour vous.

Une zone à risque pour tous ceux qui y entrent. Les conséquences peuvent être nombreuses. Entre autres  :
– anxiété, angoisse, trouble anxieux généralisé
– TOC
– baisse de l’estime de soi, de la confiance en soi
– procrastination, immobilisme
– démotivation, perte d’énergie et d’envies

En psychothérapie, je vois souvent arriver des personnes « bloquées » dans cette zone de confort, pourtant si inconfortable, voir à risque pour elles. L’accompagnement permet alors de fixer des objectifs viables, solides, concrets et motivants, afin de sortir de cette zone. Une réflexion autour des compétences souvent oubliées ou malmenées, autour des valeurs, autour des besoins, est nécessaire, avant d’agir avec précipitation. La précipitation est elle aussi dangereuse, quand elle est menée sans réflexion en amont. Reconstruire l’estime de soi et/ou la renforcer permet aussi d’établir la limite entre zone de confort et zone à risque.

Reste une question essentielle à se poser, que je n’évite jamais lors d’un premier rendez-vous : Où est le risque majeur ? En laissant une situation telle qu’elle, en lui permettant de s’installer, ou en agissant, en fonction de soi, pour soi ?
Quelle image voulez-vous avoir de vous ? Quelle image voulez-vous donner aux autres ?
Qui êtes-vous ?

LA THÉRAPIE HUMANISTE

L’élément essentiel de toute forme de psychothérapie réside dans l’alliance thérapeutique entre le client et le thérapeute. Les thérapies sont centrées soit sur le client, soit sur la technique utilisée par le thérapeute.

En tant que thérapeute, j’axe mon travail dans un processus relationnel, centré autour du client, en m’appuyant sur des thérapies humanistes, dont les objectifs sont centrés autour du patient et sa capacité à développer des facultés à faire des choix personnels. La non directivité utilisée vise à libérer les tendances positives de l’individu chez qui existent des forces de changement. C’est l’introduction du postulat de l’autodétermination.
C’une conception de l’être humain qui s’exprime par les notions de respect de la personne, de responsabilité, de liberté, d’authenticité, d’expérience, de rencontre ou relationexistentielle ou alliance thérapeutique (c’est-à-dire, une relation de personne à personne et non de thérapeute à patient).

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Carl Rogers

Carl Rogers est un des thérapeutes les plus représentatifs de ce courant. Il affirme que six conditions sont suffisantes et nécessaires pour de telles thérapies :

– la spontanéité du thérapeute
– l’attention positive du thérapeute
– l’attitude empathique
– la perception par le client de la spontanéité, de l’attention positive et de l’empathie du thérapeute
– le contact entre le patient et le thérapeute
– l’état de dysharmonie du patient au début de la thérapie (situation de souffrance)

Le thérapeute ne doit pas user du discours paradoxal. L’empathie se manifeste par des messages verbaux et non verbaux. La reformulation va accompagner la compréhension des problèmatiques du patient par le thérapeute. La personne (patient) est accueillie telle qu’elle est, sans jugement. Le patient est ici et maintenant, c’est à dire ancré dans une réalité présente qu’il faut accepter.

En 1975, Sloane établit suite à des études les facteurs selon lui le plus important chez le thérapeute :
– sa personnalité
– l’aide apportée à la compréhension du problème
– l’encouragement face à des problèmes évités
– la capacité d’écoute
– la compréhension du thérapeute ressentie par le patient
– la responsabilisation du patient
– la compétence du thérapeute
– la confiance du thérapeute en une possible amélioration

Anne-Laure Buffet