Tous toxiques, tous victimes ?

Tous toxiques, tous victimes ?

Voici le titre en forme d’interrogation de mon prochain livre, à paraître le 20 octobre prochain aux éditions de l’Observatoire.
Et si je pose la question, j’ai déjà ma réponse. Elle m’appartient, je ne somme personne d’y adhérer… Et pourtant. Et pourtant, ne serions-nous pas, ne devrions-nous pas reconnaître que nous sommes tous, ou pouvons tous être, victimes de … et toxiques pour… au cours de notre vie.

Victimes de…
De malveillance, de harcèlement, de maltraitance, d’indifférence, de rejet, d’abandon, de la suspicion, de la jalousie, de la colère ou du dégoût d’autrui. Victimes d’une situation, d’un contexte, d’une idéologie, d’une manipulation mentale, d’une emprise. Au niveau individuel, conjugal ou familial, comme au niveau sociétal. Victimes car contraint à l’obéissance, à la sujetion, à la soumission, à être réduit au silence, à subir. Parfois, à mourir, psychiquement. Physiquement.
Victimes de nous-mêmes, retenus par des certitudes, des croyances, des schémas de pensées, des modes de comportements, des angoisses et des peurs qui nous attachent, nous limitent ou nous empêchent toute autonomie, toute individualité, qui restreignent notre liberté de pensée, notre façon de pensée, qui modèlent nos choix, nos décisions, jusqu’au sens que nous donnons à notre vie.
Victimes enfin, de nous dire victimes, d’en faire plus qu’un état, un statut, une identité et une cause à défendre.

Toxiques pour…
Pour nous. Parce que nous restons enfermés dans ces schémas, parce que nous doutons ou n’osons pas remettre en cause, questionner, changer de route, parce que nous refusons de nous faire confiance, accordant cette confiance pleinement à un autre que nous, lui donnant la liberté de nous utiliser, de nous user, sans contester (ou à peine) ses attentes, ses demandes, ses ordres.
Pour notre entourage, que nous n’écoutons pas ou plus, dont nous doutons également, que nous tenons à l’écart, dont nous nous méfions, auquel nous faisons porter notre anxiété et nos peurs, nos émotions trop contenues ou trop explosives. Parce que nous attendons sans en être conscient beaucoup trop de nos proches, de ceux que nous aimons, nous leur faisons porter une lourde charge. Parce que notre méfiance, notre défiance à l’encontre de certains nous laisse ignorer ce qu’il pourrait se trouver de bon et de sain dans leurs agissements.
Parce que nous sommes portés en premier lieu par nos émotions ; et dans une société qui infantilise, narcissise, se veut en lutte, monte les uns contre les autres, génère des conflits qui s’auto-alimentent, seules les émotions ont droit de cité. La réflexion, la pensée et la pensée critique sont délaissées ; trop exigeantes, prenant trop de temps, pas assez instagrammables ou difficiles à transmettre en un tweet, les réflexions qui donnaient lieu à discussion ne sont plus sources que de polémiques ; et c’est celui qui crie le plus fort qui gagnera, non pour ce que dit son cri, mais par sa puissance sonore.

Oui, certains sont « plus toxiques » que d’autres. Oui, il existe des pathologies, des fonctionnements, des attitudes hautement nuisibles. À une personne en particulier, à un groupe, à un système. Mais se croire protégé d’être toxique pour qui que ce soit, c’est déjà l’être.
Oui, certains sont « plus victimes » que d’autres. Oui, il est des traumatismes, des violences et des drames qu’aucun mot ne console, très peu réparent. Oui, il est nécessaire de mener des – justes – combats, de prendre la parole, la plume ou le micro pour dénoncer des oppressions, des injustices, des barbaries. Mais il ne suffit pas de dénoncer ; encore faut-il proposer, et accepter le dialogue. Encore faut-il comprendre qu’être victime n’est pas un état, une définition… définitive.

Tous toxiques, tous victimes ? … pour essayer d’analyser, de comprendre et de transformer des états d’esprit, des liens, des croyances.

Résumé du livre :
Les « victimes » sont-elles toujours celles que l’on croit ? La violence est-elle une fatalité ? À l’heure de #MeToo et de la cancel culture, Anne-Laure Buffet propose une analyse passionnante et salutaire des concepts de « toxicité » et de « victime », trop souvent dévoyés. « Violence psychologique », « emprise », « harcèlement », « pervers narcissique »… Voici les nouveaux maîtres mots de nos relations, de nos comportements. De #MeToo à la cancel culture en passant par la pensée décoloniale, nous ne semblons plus réfléchir qu’en fonction de ce qui semble bien ou mal ; qu’en cherchant un « toxique » et en plaignant sa « victime ». Nous nous posons trop souvent en juges et partie en nous attribuant le droit d’être « du bon côté », en laissant aux autres la responsabilité de la toxicité et de nos difficultés. Sommes-nous condamnés à être l’un ou l’autre, sans nuances, sans évolution ou réparation possibles ? De l’agression à la réparation, de l’opposition à la compréhension, de la destruction à la construction, Anne-Laure Buffet nous amène à une réflexion salutaire, richement illustrée d’exemples concrets tirés de l’actualité ou de son expérience de thérapeute, pour accepter nos manquements et nos fragilités autant que nos réussites et nos forces, et sortir enfin du clivage « tous toxiques, tous victimes »
En librairie le 20 octobre, aux éditions de l’Observatoire

De « Victimes de violences psychologiques… » aux « Prisons familiales »

En janvier 2016, je publie aux éditions Le Passeur ce livre, Victimes de violences psychologiques, de la résistance à la reconstruction.


Un livre qui est « chaleureusement » accueilli par ses lectrices et lecteurs. Qui, je le crois, a aidé à mettre un terme à des situations de violences intrafamiliales et/ou conjugales complexes.
Un livre qui, à la demande de l’éditeur, n’est plus édité depuis 2017.
Comme s’il fallait taire ce pour quoi le livre a été demandé, les violences psychologiques.
Devenu indisponible partout, il atteint d’ailleurs en occasion des prix parfaitement délirants sur les sites marchands (actuellement et sur l’un d’eux, il est à 134 € en occasion. N’importe quoi…).

Les éditions Eyrolles et mon éditrice, Elodie Dusseaux, que je remercie, m’ont proposé de rééditer ce livre en 2019, un an après avoir édité Les mères qui blessent. Il s’appelle désormais Les prisons familiales. Complété, remanié, il apporte un éclairage sur les violences intrafamiliales et conjugales, sur la maltraitance faite au conjoint – principalement les femmes, sur celles faites aux enfants, jusqu’à l’inceste. L’inceste et l’incestuel, car il ne faut jamais minimiser un climat, un contexte, un mode de fonctionnement, un système.


La violence familiale devient un système dont il faut comprendre les ressorts pour pouvoir s’en libérer.
La puissance du bourreau ne peut exister qu’en fonction des « réponses » que sa ou ses victime.s lui adressent. Comprendre cette puissance créée de toute pièce et imposée pour posséder et détruire est une étape dans la libération.

Je ne parle pas spécifiquement dans ce livre du pervers narcissique, mais de « l’emprisonneur », puisque je parle de prisons. De prisons physiques, psychiques, sexuelles, émotionnelles. Parce qu’il semble presque impossible de comprendre les violences psychologiques, je m’y attarde afin de tenter d’apporter un éclairage informatif et préventif, si ce n’est curatif.

En 2020, je sors aux éditions Eyrolles Les séparations qui nous font grandir. Sortir de prison, oui. Se séparer de ce qui était attaché à la prison en croyances, en convictions, en émotions, en ressentis, en loyauté contrainte est essentiel. Pour pouvoir se détacher, « rompre » avec des liens trop contraignants, trop invalidants, trop lourds pour pouvoir vivre.

LES MOTS DE L’EMPRISE – VIDEO

Les mots répétés, utilisés pour posséder puis détruire, les mots qui soumettent, les mots qui perdent leurs sens… et les répercussions sur leurs victimes.

Capture d’écran 2015-07-05 à 18.01.25